L’Explosion du « Fanfan »

Un terrible accident s’est produit aux environs de Paris, à Suresnes.

M.Octave Vigors, entrepreneur-mécanicien, établi depuis peu à Argenteuil, était en marché avec un propriétaire de cette ville, M. C…, pour acquérir le vapeur le Fanfan, qui avait fait pendant trois ans un service de cabotage entre Granville-Saint-Malo et les îles Chausey.

La vente du bateau allait se faire.

M. Vigors, accompagné de deux amis, MM. Lemoine et Thys, et d’un de ses apprentis, Léon Peintre, âgé de quinze ans, voulut l’essayer : il s’agissait de faire une excursion jusqu’au pont d’Auteuil.

Vers midi, le Fanfan arrivait à la première écluse de Suresnes.

Pendant les manœuvres de l’éclusage, MM. Lemoine et Thys descendirent à terre pour aller prendre une consommation, tandis que M. Vigors et le jeune Peintre restaient à bord.

MM. Lemoine et Thys venaient de quitter le bateau, quand une explosion formidable retentit : c’était la chaudière du Fanfan qui faisait explosion.

Immédiatement, le bateau s’engloutissait dans la Seine.

Tout le personnel des écluses et du barrage de Suresnes se trouvèrent bientôt sur le lieu de l’accident.

Le spectacle qui s’offrit à la vue des premières personnes arrivées était horrible : sur le « bajoyer », sorte de large mur-quai qui forme la séparation entre la première et la deuxième écluse, gisait, mutilé et sanglant, le corps du malheureux M. Vigors.

On estime qu’il avait été projeté à plus de dix mètres dans l’air.

On s’approcha de lui : il respirait encore. Mais il ne vécut pas longtemps. A peine eut-il balbutié quelques paroles pour demander ce qu’était devenu l’apprenti qu’il rendit le dernier soupir.

Quant à l’apprenti, on n’a pu le retrouver ; on croit que son corps aura été entraîné par le courant.

D’autre part, un des débris de la machine est tombé sur le quai et a blessé un ouvrier.

On a trouvé, du reste, de ces débris à 300 mètres de l’endroit où l’explosion s’est produite.