Un drame sur une péniche

Les péniches, que nous regardons parfois glisser au fil de l’eau, évoquent, avec leurs petites maisons en miniature, leurs petites fenêtres, les fleurs qui souvent embellissent le pont, des idées de tranquillité dans !e travail. L’une d’entre elles vient cependant d’être le théâtre d’un drame qui aurait pu devenir plus tragique encore.

Cette péniche, qui porte le nom d‘Aïssa, était amarrée quai de Boulogne, à Billancourt. Un vieux ménage de mariniers y habitait avec leurs deux filles, Suzanne, âgée de 33 ans, et Jeanne, âgée de 25 ans. Et celle-ci, quoique étant la plus jeune, devait se marier avec un autre marinier demeurant à Conflans-Sainte-Honorine.

Jalouse de sa sœur depuis déjà deux années qu’il était question de cette union, Suzanne ne voulut pas aller à la cérémonie. Elle resta seule à bord du bateau où sa famille rentra après-dîner.

Jeanne se dirigea vers Suzanne pour l’embrasser avant de partir pour Conflans-Sainte-Honorine avec son mari.

— Va-t-en ! lui dit Suzanne d’une voix farouche. Va-t’en ! je ne te connais plus.

Et la jalouse qui attendait ce moment, saisissant un revolver et visant son beau-frère, tira sur lui trois balles. Ensuite, elle se logea un autre projectile dans la tête. Ce qu’elle considérait comme sa vengeance était accomplie.

Transportés à l’hôpital Ambroise Paré, les deux blessés y ont été admis. Leur état n’inspire pas d’inquiétude. On les guérira l’un et l’autre. Mais qui pourra guérir les cœurs que la jalousie a blessés ?