L’héroïsme d’un débardeur

Les berges des fleuves, comme le bord de la mer, ont, dans tous les pays, un attrait particulier pour les enfants. A Paris, par exemple, les quais de la Seine servent de terrains de jeux pour un grand nombre de gamins et de gamines auxquels le labeur quotidien des parents laisse une grande liberté.

C’est ainsi que, ces jours derniers, deux enfants de huit et de six ans, Marcel Langevin et André Broutin, dont les familles habitent rue du Cardinal-Lemoine, s’étaient attardés sur le quai Saint-Bernard à construire, avec du sable entassé là, de superbes châteaux éphémères et de croulantes forteresses. Tout à coup l’un des jeunes garçons, s’étant approché trop près du bord, perdit l’équilibre et tomba dans le fleuve, entraînant avec lui son camarade auquel il avait cherché à s’agripper, d’un geste instinctif.

Les deux petits étaient en risque de se noyer. Par bonheur pour eux, se trouvait aussi sur la berge un débardeur de trente ans. M. Paul Leroy, habitant à Bobigny.

Sans hésiter un instant, ce brave homme, qui est aussi un homme brave, se jeta à l’eau et, après quelques minutes d’effort, fut assez adroit pour saisir les deux naufragés et les ramener sur la terre ferme. On conduisit ces derniers dans une pharmacie, pour les réconforter, puis on les ramena à leurs parents. Quant au courageux sauveteur, il fut vivement félicité par la foule qui s’était bien vite amassée sur le lieu de l’accident et avait suivi, anxieuse, les péripéties de ce drame rapide, si heureusement terminé.