Un pari original et dangereux

0n cite souvent d’excellents nageurs qui ont fait, du haut de ponts élevés, voire de transbordeurs, des plongeons fantastiques ; mais c’est la première fois, je pense, qu’on a réussi une performance aussi originale que celle exécutée, ces jours-ci, par un jeune Parisien, M. Robert Lagny. Celui-ci, ayant souvent l’occasion de prendre les lignes de banlieue, avait remarqué qu’en traversant le pont d’Asnières, le train descendant longeait le parapet du pont. Il songea aussitôt tirer profit de cette circonstance pour l’exploit qu’il méditait.. Un de ces derniers après-midi, embellis par un précoce soleil printanier, il revêtit un costume de bain, chaussa de vieilles sandales et s’enveloppa d’un vieux manteau. Puis, tout comme un voyageur ordinaire, prit un billet à la gare Saint-Lazare et monta sur l’impériale d’un de ces antiques wagons qui desservent les lignes de banlieue. Huit minutes plus tard, le train s’engageait sur le pont d’Asnières. Vivement,  M. Robert Lagny abandonna sous la banquette son manteau et ses sandales et, prenant son élan, sauta dans le vide par-dessus le parapet. Les photographes convoqués et les curieux virent alors le plongeur frôler une des piles du pont (sur laquelle il eût pu se tuer) tomber dans la Seine, revenir à la surface et gagner la berge du fleuve à la nage. Le plongeur avait gagné son pari peu banal.