
LA MYSTÉRIEUSE DÉSESPÉRÉE
Un inspecteur d’un grand magasin de la rive droite suivait de l’œil une jeune et jolie femme qui semblait fort s’intéresser aux étalages et dont les allures lui avaient paru suspectes. Il s’aperçut rapidement que sa perspicacité n’avait pas été trompée. La jeune femme, croyant n’être pas vue, faisait rapidement disparaître dans ses manches les diverses marchandises qui venaient à lui plaire. L’inspecteur, sans faire de bruit, invita la voleuse à le suivre, la remit à deux gardiens de la paix qui prirent avec elle le chemin du commissariat de police du quai de l’Horloge. La jeune femme marchait en pleurant entre ses deux gardiens; ceux-ci, braves gens, émus de la détresse de la malheureuse, s’écartaient un peu d’elle pour ne pas lui infliger la honte d’être vue entre eux deux On passait sur le Pont-Neuf. Tout à coup, la jeune voleuse, avant que ses gardes eussent pu l’en empêcher, enjamba le parapet et s’élança dans la Seine. Elle ne disparut pas dans l’eau. Ses jupes, ballonnées par le vent, firent cloche et la désespérée fut emportée au fil de l’eau pendant qu’une foule de curieux se pressait sur le pont et les berges. Le courant était si violent que la jeune femme avait été emportée presque jusqu’au pont des Arts, lorsque le pilote Beuzin, du bateau parisien n° 98, parvint à la retirer de l’eau. Elle fut transportée sur un ponton et de là à l’hôpital de la Charité. Elle se trouvait dans un état comateux. Elle ne tardait pas à succomber sans avoir repris connaissance et sans qu’on eût pu établir son identité. On a trouvé sur la malheureuse un mouchoir blanc marqué B., et un mouchoir bleu marqué E. B. Elle portait sur le bras gauche un tatouage représentant un cœur percé d’une flèche. Au-dessous, on lit l’inscription suivante « J’aime Albert Morino pour la vie. »
Exposition temporaire DU 21 OCTOBRE 2023 AU 28 JANVIER 2024 (Passée)