
Une femme coupée en morceaux
la découverte de la valise.
Trois débardeurs, employés au déchargement de bateaux de charbon à Boulogne-sur-Seine, se rendaient à leur travail, vers six heures et demie du matin, quand ils aperçurent, flottant sur le fleuve, un objet assez volumineux.
— Tiens ! dit l’un d’eux, on dirait une valise ! Ils montèrent dans une embarcation qui se trouvait amarrée près de là et parvinrent à saisir l’objet flottant, qui était en effet une valise, dont les poignées se brisèrent au moment où on la retirait de l’eau. Si elle est remplie de billets de banque ! s’écria l’un des hommes qui venaient de faire cette découverte, il doit y en avoir pour une forte somme, car ça pèse joliment ! Une fois amenée sur la berge de la Seine, la valise fut ouverte. Aussitôt, les trois ouvriers poussèrent un cri d’horreur. Sous un amas de linges ensanglantés, venait d’apparaître à leurs yeux le tronc mutilé d’une femme. La tête et les jambes manquaient ; elles avaient été coupées ou – pour mieux dire – hachées. Les ouvriers s’empressèrent de porter leur lugubre trouvaille au commissariat de police de Boulogne-sur-Seine. Un médecin qui fut appelé à faire les constatations légales déclara que la victime devait avoir de vingt-cinq à trente ans. Les mains étaient assez fortes et portaient aux extrémités des piqûres d’aiguille ; on y remarquait des callosités, ce qui semble indiquer que la victime se livrait à un travail manuel. Le médecin affirma que la mort devait remonter à trente-six heures au plus. Les linges qui entouraient le corps se composaient d’une chemise de femme non marquée et d’une chemise d’homme déchirée en plusieurs morceaux et sous la patte de laquelle on releva, faufilées en coton rouge, les initiales A. P. Après deux jours de recherches, les agents de la Sûreté découvrirent le fabricant de la valise sanglante. C’est M. Bernheim, marchand d’articles de voyage à Paris. Il déclara avoir livré un certain nombre de valises au Bazar de l’Hôtel-de-Ville, mais, là, les employés ne purent fournir aucun renseignement utile. La valise avait-elle été vendue par eux, ou l’achat en avait-il été fait dans une des maisons qui se fournissent au Bazar de l’Hôtel-de-Ville ? Ils étaient dans l’impossibilité de le dire. Diverses pistes furent suivies par la police après les déclarations faites au commissariat de police de Boulogne, mais aucun résultat ne fut obtenu. On avait signalé la disparition de femmes habitant les environs. Toutes furent retrouvées. Un grand nombre de personnes vinrent également dire qu’elles avaient vu, la veille ou l’avant-veille de la découverte de la valise, un individu portant un objet qui, d’après eux, devait être le lugubre colis ; mais la plupart des indications données manquaient de précision, et, pour les autres, elles paraissaient l’œuvre de mauvais plaisants. Ajoutons que des lettres en quantité considérable arrivent chaque jour à la Préfecture de police, sans, d’ailleurs, donner non plus de renseignements utiles. A l’heure où nous écrivons, non-seulement l’assassin n’a pu. être découvert, mais encore il a été impossible d’établir l’identité de la victime.
Exposition temporaire DU 21 OCTOBRE 2023 AU 28 JANVIER 2024 (Passée)