Ne fais pas ça, maman !

Abandonnée depuis trois ans par son mari, une jeune femme de vingt-six ans, Mme Fernande Molinat, se dévouait tout entière pour sa petite fille sur laquelle elle avait reporté toute son affection. Elle était, en dernier lieu, employée comme infirmière dans une maison de santé des environs de Paris. Mais, dans cette maison, il ne lui était pas possible de conserver près d’elle son enfant. La jeune femme, ne pouvant se résoudre à cette séparation, quitta donc sa place et vint à Paris pour chercher un nouvel emploi. Malheureusement elle ne trouva pas ce qu’elle cherchait ; ses faibles économies s’épuisèrent rapidement. Bientôt elle n’eut plus même de quoi acheter à manger à sa fillette.

– J’ai faim ! Ne cessait de répéter celle-ci.

Affolée par cette supplication angoissée, la mère perdit tout courage et résolut d’en finir avec la vie. Après avoir erré, une nuit entière, dans les rues de la capitale, elle se trouva, le matin sur le quai de l’Horloge, au coin du pont au Change. Brusquement sa résolution fut prise. Elle commença à escalader le parapet pour se précipiter dans la Seine.

Mais l’enfant avait déjà compris le geste désespéré et s’était mise à supplier :

– Ne fais pas ça, maman ! Ne fais pas ça !

Par bonheur, deux inspecteurs de la police judiciaire, qui s’avançaient sur le quai au même instant, entendirent les cris et virent le geste. Ils se précipitèrent, saisirent la jeune femme à bras-le-corps et l’emmenèrent à la Préfecture de police.

Là, Mme Fernande Molinat raconta son histoire douloureuse. Une première collecte permit de les réconforter, elle et son enfant. Et, comme !es âmes généreuses ne manquent pas chez nous, quelque jours plus tard, quelqu’un offrit à la jeune femme un emploi bien rétribué où il lui sera possible de garder sa fille près d’elle.