Musée de la batellerie et des voies navigables

Collections

Analyse des collections

« Les collections du musée de la Batellerie à Conflans-Sainte-Honorine sont, au plan national, les plus riches et les plus diversifiées concernant la marine fluviale.Leurs points forts sont les maquettes et les œuvres bidimensionnelles (tableaux, gravures) présentant un grand intérêt documentaire.» 1995, rapport de mission ; Denis-Michel Boël, Inspection générale des musées.

« Le musée de la Batellerie de Conflans-Sainte-Honorine représente un équipement majeur insuffisamment valorisé. C’est en effet, parmi les 77 musées territoriaux contrôlés d’Île-de-France, un des rares établissements à spécificité thématique d’intérêt national doublé par la qualité, la richesse, et l’attraction des collections présentées. Ce musée peut et doit s’inscrire comme pôle culturel et scientifique, dépassant très largement les limites de la commune et du département. Il pourrait représenter pour la collectivité territoriale propriétaire un extraordinaire outil de communication, d’intérêt touristique, de référence scientifique et patrimoniale ».1998, compte rendu de visite ; Armand Amann, Conseiller pour les musées (DRAC).

Préambule

Les collections se sont constituées progressivement et sans « concurrence » jusqu’à une date récente. Le musée de Conflans, le plus ancien et le plus important des musées de la batellerie en France a bénéficié de plusieurs facteurs extrêmement favorables :

  • notoriété des travaux de F. Beaudouin ;
  • réseau très important constitué dès le début des années 1970 par l’Association des Amis du Musée ;
  • diffusion des Cahiers du Musée ;
  • proximité de Paris et des grands antiquaires spécialisés ;
  • relations juridiques avec l’Office National de la Navigation et les compagnies de navigation dont les principales avaient leur siège dans la région parisienne.

 

Le musée a longtemps été le seul établissement de son genre à pouvoir financer une véritable politique d’enrichissement de ses collections. Il faut noter à ce sujet que l’essentiel du budget alloué au musée était affecté aux acquisitions au détriment des expositions temporaires ou de la modernisation de la muséographie. Dans l’esprit de F. Beaudouin, il s’agissait de « préserver l’avenir »…

Unique en France, le musée n’avait pas à souffrir de la concurrence d’autres institutions, que ce soit pour les dons ou pour les acquisitions à titre onéreux.

 

Deux exemples récents illustrent encore parfaitement cette réalité : en 2000, une association de modélistes du Canet-en-Roussillon propose de vendre au musée deux maquettes de bateaux fluviaux. Il s’agissait de deux coches d’eau de la haute Seine construits à Auxerre au début du xixe siècle.

En 2000 également, un antiquaire parisien spécialisé dans les objets de marine prend contact avec le musée pour lui proposer une enseigne de batellerie de la première moitié du xixe siècle.

Dans ces deux cas, comme dans des dizaines d’autres, Conflans a bénéficié de son image.

Les dons

Ceux-ci furent très importants à la création du musée, suite à l’exposition préfigurative de 1966 – Conflans et les autres villes du confluent de la Seine et de l’Oise (Andrésy et Maurecourt) comptaient (et comptent toujours) une proportion non négligeable de mariniers et d’anciens mariniers.

François Beaudouin a également noué dès l’origine de très nombreux contacts avec les sociétés de navigation avec, à la clef, plusieurs dons et des dépôts longue durée. À la fin des années 1970 et au début des années 1980, beaucoup de ces compagnies de transport vont disparaître. Le musée réussira à sauver des liquidations judiciaires une partie de leur patrimoine : maquettes d’apparat qui décoraient les locaux des conseils d’administration, archives…

En 1995, lors de la disparition de la S.A.N.A.R.A., une longue et difficile négociation avec le liquidateur judiciaire permettra une nouvelle fois de récupérer plusieurs œuvres majeures.

Depuis une quinzaine d’année, les dons sont moins nombreux ; ce phénomène n’est pas propre au musée de la Batellerie, mais deux explications spécifiques peuvent être avancées :

* De nombreux dons ne sont pas exposés, faute de place. Il s’agit pour l’essentiel d’œuvres et d’objets donnés par les mariniers et anciens mariniers. Ces derniers souhaiteraient que le musée se consacre exclusivement à leur histoire récente et ne comprennent pas que les espaces disponibles soient utilisés pour autre chose (les batelleries anciennes par exemple).

* Plusieurs musées associatifs se sont créés ces dernières années (Poses, Saint-Mammès, Longueil-Annel, etc.).

Les bateliers qui connaissent la richesse des collections du musée de Conflans ont tendance à réserver leurs dons à ces nouveaux établissements créés à l’initiative d’autres mariniers…

Le musée a entrepris depuis peu plusieurs campagnes de sensibilisation auprès de la population marinière en s’appuyant sur son association d’amis : visite des réserves du musée avec explication sur l’importance et l’intérêt des réserves pour les expositions temporaires, les prêts, la recherche scientifique… Travail relationnel intense, expositions thématiques associant dès le départ des mariniers. Cette dernière formule est sans aucun doute celle qui a le mieux permis de renouer des liens étroits et une confiance retrouvée. L’exposition 2002 Vie et quotidien des mariniers a été l’occasion de nombreux dons. L’essentiel des œuvres présentées provenait des réserves du musée et une dizaine de mariniers ont été associés à la préparation de cette opération.

Notons enfin pour conclure que l’investissement du musée et de son association d’amis pour le sauvetage et la restauration d’unités à flot a été unanimement apprécié par la profession. De nouveaux contacts ont été noués et une quinzaine de mariniers et anciens mariniers ont adhéré depuis peu à l’Association.

 

 

Les dépôts de l’État

Ils renforcent encore l’importance des collections ; les musées nationaux (musée de l’Armée, de la Marine, des A.T.P., des Arts et Métiers) ont en effet déposé à Conflans plusieurs œuvres majeures du patrimoine fluvial français (liste en annexe).

 

 

Campagnes de collecte

 

Ces « campagnes de collecte » ont été régulièrement réalisées depuis la création du musée. Il s’agit d’une démarche volontaire de prospection sur des sites ciblés afin d’enrichir les collections par des récupérations, des dons ou des acquisitions. Nous avons déjà évoqué le travail relationnel avec les compagnies de navigation fluviale. De la même façon, le musée a multiplié les déplacements pour rencontrer les responsables des chantiers de construction.

François Beaudouin a réalisé des enquêtes auprès des derniers constructeurs de bateaux en bois et a rassemblé une collection unique de matériel, outillage spécialisé, gabarits, etc.

Cette politique se poursuit aujourd’hui avec les visites régulières des chantiers de « déchirage » (destruction des bateaux) avec pour objectif de compléter les collections d’apparaux de navigation, d’accastillage, de « parties de bateaux ». Parmi les acquisitions récentes, citons une réserve d’eau de péniche en bois, une « cuisine d’été », un gouvernail en bois…

En 1995, un groupe de travail composé de mariniers et du personnel du musée a été mis en place pour intensifier cette politique avec la collaboration financière de l’Association des Amis du Musée. Il s’agissait de s’appuyer sur le réseau des bénévoles pour développer ces actions de prospection qui mobilisent beaucoup de temps. Grâce au soutien du président de Voies Navigables de France (VNF, ex-ONN) une nouvelle campagne a pu être lancée : la prospection des dépôts de matériel des subdivisions de VNF. Les œuvres récupérées grâce à ce groupe de travail sont nombreuses et diversifiées :

  • éléments de barrage mobile ;
  • plaques de signalisation ;
  • diverses échelles d’eau ;
  • pompes à main de scaphandrier (réparation des ouvrages d’art) ;
  • borne d’écluse et crémaillère ;
  • moules en bois pour la réalisation des crapaudines des portes d’écluses ;
  • harnais de sécurité des barragistes ;
  • Etc.

 

 

Les acquisitions : une nouvelle orientation

Une part importante du budget d’investissement du musée a longtemps été consacrée au financement des « reconstitutions scientifiques », maquettes de bateaux réalisées d’après les plans du musée. Ces modèles réduits étaient en quelque sorte l’aboutissement muséographique du travail de recherche réalisé par François Beaudouin. Les bateaux de transport fluviaux anciens sont souvent d’humbles embarcations réalisées sans plans par des petits chantiers héritiers de techniques traditionnelles transmises de génération en génération. Pour de très nombreux types régionaux, il n’existe aucun plan ancien, aucun « manuel » de construction. La réalisation de ces reconstitutions scientifiques était donc le seul moyen « grand public » pour faire revivre ces batelleries disparues. Ces maquettes didactiques sont actuellement au nombre de vingt-cinq.

Depuis 1994, le musée a procédé à un rééquilibrage de ses dépenses d’investissement avec deux axes prioritaires :

  • œuvres et objets d’art ;
  • histoire et technique de la voie d’eau.

Cette réorientation de la politique d’enrichissement des collections a été possible grâce à une réelle augmentation du budget du musée parallèlement à la relance des « campagnes de collecte » et à un important travail pour stimuler les dons ; elle n’a pas eu de répercussions sur l’enrichissement des collections « traditionnelles », par exemple plusieurs maquettes anciennes de bateaux sont venues combler les lacunes du fonds du musée. Par contre, la politique de réalisation des « reconstitutions scientifiques » a été provisoirement abandonnée.