Musée de la batellerie et des voies navigables

François Beaudouin

François Beaudouin naît le 9 février 1929 à Rome, d’une mère artiste peintre et d’un père architecte.

Navigateur, ethnologue, archéologue, artiste peintre… l’ancien directeur du musée de la Batellerie, avait plus d’une corde à son arc. La première réplique d’un voilier de travail  » le bateau de Berck « , c’était lui. L’un des livres fondateurs du mouvement en faveur du patrimoine maritime « Bateaux des côtes de France « , c’était encore lui. La théorie d’un bateau fluvial médiéval européen  » le scute » c’était toujours lui.

En 1966, Louise Weiss (1893-1983), journaliste, écrivain, fondatrice du journal L’Europe nouvelle, suggère à Georges-Henri Rivière de créer à Conflans-Sainte-Hono­rine, ce haut lieu des mariniers au confluent de l’Oise et de la Seine, un musée dédié à la batellerie. Un projet soutenu par le maire de Conflans, Eugène Berrurier.

Pour créer cet établissement, il faut nom­mer un conservateur : la candidature de François Beaudouin, proposée par Georges-Henri Rivière et soutenue par André Leroi-Gourhan, est retenue. Et ce, bien que le ministère de la Culture ait reproché à ce conservateur « de vouloir créer un musée sans avoir réuni la moindre collection».

«J’étais terrorisé», avoue François. Je ne connaissais pas le monde de la batellerie. Et il n’existait rien sur le thème, aucune étude, ni publication auxquelles on puisse se réfé­rer. «J’ai très vite eu conscience qu’on se trou­vait devant un sujet immense, l’une des données fondamentales de l’histoire écono­mique moderne de la France. Je ne me sen­tais aucune compétence, mais j’imaginais centrer le projet sur le bateau, tous les bateaux, par le truchement du modèle réduit et la maquette ancienne».

«Il y avait encore plus de mille cinq cents péniches en activité en France à l’époque. Et c’était la fin des unités en bois. Ma première démarche a consisté à retrouver des infor­mateurs, des constructeurs de bateaux, des mariniers. C’étaient des gens parfois très âgés. Toutes ces rencontres s’inscrivaient dans le travail initié par Rivière. J’ai effectué de nombreux relevés de coques et tracé des plans de bateaux, à partir desquels j’ai fait fabriquer des modèles réduits. Les premiers étaient dus à Michel Charpentier, un artiste peintre qui a construit les plus belles maquettes que l’on puisse concevoir, avec des patines sublimes. Il travaillait seul et a été remplacé par son frère, Hubert. »

Des maquettes, souvent anciennes, sont parfois données. Et François acquiert tout ce qui passe à sa portée, dans les limites de son budget. Le musée ouvre en 1967. Trois ans plus tard, son conservateur crée l’association des Amis du musée. Et en 1980, il fonde avec Xavier Corvol les Cahiers du musée de la Batellerie, une revue savante dont la collec­tion constitue une somme.

François assume jusqu’en 1994 la direc­tion du musée, qui reçoit cette année-là qua­rante mille visiteurs. Il est remplacé par Laurent Roblin. Qua­rante-cinq ans après son ouverture, le musée de la Batellerie expose plus de deux cents maquettes de bateaux fluviaux et d’ouvrages d’art de tous les bassins français, de nom­breux dioramas, des centaines d’objets, de dessins, peintures, gravures et documents originaux. Le centre de documentation et la bibliothèque regroupent une quantité phé­noménale de photographies, de cartes pos­tales, d’archives et de livres mis à la disposition des chercheurs.

Conservateur honoraire du musée d’intérêt national de la batellerie de Conflans-Sainte-Honorine, François Beaudouin est décédé le 5 mai 2013 à l’âge de 84 ans. Père de l’archéologie nautique fluviale, ses activités de recherche ont notamment permis une meilleure connaissance des bateaux de Loire, jusqu’aux premières pirogues monoxyles.